Free Culture : Traduction française du livre de Lawrence Lessig en cours...

Avec « Free Culture, how big media uses technology and the law to lock down culture and control creativity », sortie le 25 mars 2004 aux éditions The Penguin Press, Lawrence Lessig, président de l’association Creative Commons, a signé un ouvrage que nous considérons comme majeur, véritable témoignage de ces temps qui changent...

Nous vous présentons ici deux extraits de la traduction française en cours d’élaboration (préface et introduction).

L’objectif est double :

Free Culture, bien entendu sous licence Creative Commons, est disponible en de nombreuses langues et formats (parmi les originalités on notera l’anglais audio ou encore la présentation en Flash) qui font d’ailleurs de ce livre un peu plus qu’un livre.

FREE CULTURE

Préface (extrait)

Le titre et la plus grande partie de mon argumentation sont inspirés du travail de Richard Stallman et de la Free Software Foundation. A vrai dire, quand je relis le travail de Stallman, et plus particulièrement les essais dans Free Software, Free Society, je me rends compte que toutes les idées théoriques que je développe ici sont des idées que Stallman a décrites voilà des décennies. Il serait donc légitime d’affirmer que ce travail est un "simple" travail dérivé.

J’accepte cette critique, si du moins c’en est vraiment une. Le travail d’un juriste est toujours un travail dérivé, et je ne veux rien faire d’autre dans ce livre que de rappeler à une culture une tradition qui a toujours été la sienne. Comme Stallman, je défends cette tradition sur la base de valeurs. Comme Stallman, je crois que ces valeurs sont celles de la liberté. Et comme Stallman, je crois que ces valeurs, héritées de notre passé, vont avoir besoin d’être défendues à l’avenir. Notre passé a connu une culture libre ; notre avenir n’en connaîtra une que si nous changeons le chemin que nous sommes en train d’emprunter aujourd’hui.

Comme les arguments de Stallman pour le logiciel libre, le plaidoyer pour une culture libre achoppe sur une confusion qui est difficile à éviter, et même encore plus difficile à comprendre. Une culture libre n’est pas une culture sans propriété ; ce n’est pas une culture dans laquelle les artistes ne sont pas payés. Une culture sans propriété, ou dans laquelle les créateurs ne pourraient pas être payés, serait l’anarchie, et non pas la liberté. Et mon propos n’est pas de plaider pour l’anarchie.

La culture libre que je défends dans ce livre est un équilibre entre l’anarchie et le contrôle total. Une culture libre, comme un marché libre, est pleine de propriété. Elle est pleine de règles de propriété, et de contrats, que les pouvoirs publics doivent faire respecter. Mais tout comme un marché libre est perverti quand la propriété devient féodale, de même une culture libre peut être dévoyée par un extrémisme des règles de propriété qui la définissent. C’est ce que je crains pour notre culture aujourd’hui. C’est contre cet extrémisme que ce livre est écrit.

L’introduction (texte intégral)

Le 17 décembre 1903, sur une plage venteuse de Caroline du Nord, en un peu moins de cent secondes, les frères Wright démontrèrent qu’un véhicule autopropulsé plus lourd que l’air pouvait voler. Le moment fut électrique et son importance largement comprise. Presque immédiatement, il se produisit une explosion d’intérêt pour cette technologie nouvelle du vol habité, et une nuée d’innovateurs se mirent à l’améliorer.

A l’époque où les frères Wright inventaient l’avion, la loi américaine stipulait que le propriétaire d’un terrain était non seulement propriétaire de la surface de son terrain, mais de tout le sous-sol, jusqu’au centre de la terre, et de tout l’espace au dessus, "jusqu’à l’infini." Les érudits s’étaient demandé depuis de nombreuses années comment interpréter au mieux l’idée que des droits de propriété terrestres puissent monter jusqu’aux cieux. Cela signifiait-il que vous possédiez les étoiles ? Pouviez vous poursuivre les oies en justice, pour violations de propriété volontaires et répétées ?

Puis vinrent les avions, et pour la première fois, ce principe de la loi américaine — profondément ancré dans notre tradition, et reconnu par les plus importants juristes de notre passé — prenait de l’importance. Si ma terre s’étend jusqu’aux cieux, qu’advient-il quand un avion d’United Airlines survole mon champ ? Ai-je le droit de lui interdire ma propriété ? Ai-je le droit de mettre en place un accord d’autorisation exclusive au profit de Delta Airlines ? Pouvons nous organiser des enchères pour déterminer la valeur de ces droits ?

En 1945, ces questions donnèrent lieu à un procès fédéral. Quand des fermiers de Caroline du Nord, Thomas Lee et Tinie Causby commencèrent à perdre des poulets à cause d’avions militaires volant à basse altitude (apparemment les poulets terrorisés se jetaient contre les murs du poulailler et en mourraient), ils portèrent plainte au motif que le gouvernement violait leur propriété. Bien entendu, les avions n’avaient jamais touché la surface du terrain des Causby. Mais si, comme l’avaient déclaré en leur temps Blackstone, Kent et Coke, leur terrain s’étendait "vers le haut jusqu’à l’infini," alors le gouvernement commettait une violation de propriété, et les Causby voulaient que cela cesse.

La Cour suprême accepta d’entendre le cas des Causby. Le Congrès avait déclaré les voies aériennes publiques. Mais si le droit de propriété s’étendait réellement jusqu’aux espaces célestes, alors la déclaration du Congrès pouvait très bien être anticonstitutionnelle, car elle constituait une expropriation sans dédommagement. La Cour reconnut que "selon l’ancienne doctrine les droits de propriété foncière s’étendent jusqu’à la périphérie de l’univers." Mais le Juge Douglas n’avait pas la patience d’écouter l’ancienne doctrine. En un simple paragraphe addressé à la Cour, il annula des centaines d’années de droit foncier :

« [La] doctrine n’a pas sa place dans le monde moderne. L’espace aérien est public, comme l’a déclaré le Congrès. Si ce n’était pas vrai, n’importe quel opérateur de vol transcontinentaux serait exposé à des plaintes sans nombre, pour violation de propriété. Le sens commun se révolte à cette idée. Donner raison à des revendications privées de l’espace aérien entraînerait une paralysie des lignes aériennes, compromettrait profondément leur développement et leur contrôle dans l’intérêt public, et reviendrait à privatiser un bien qui a vocation à être public. »

"Le sens commun se révolte à cette idée."

C’est comme ça que la loi fonctionne en général. Pas souvent de façon aussi abrupte et impatiente, mais en définitive, c’est comme ça qu’elle fonctionne. C’était le style de Douglas de ne pas tergiverser. D’autres juges auraient noirci des pages et des pages pour arriver à la même conclusion, que Douglas fit tenir en une seule ligne : "le sens commun se révolte à cette idée". Mais qu’elle tienne en quelques mots ou en plusieurs pages, le génie particulier d’un système de droit commun comme le nôtre est que la loi s’adapte aux technologies de son époque. Et en s’adaptant, elle change. Des idées qui un jour semblent solides comme le roc sont friables le lendemain.

Ou du moins, c’est ainsi que les choses se passent quand il n’y personne de puissant pour s’opposer au changement. Les Causby n’étaient que des fermiers. Et bien qu’il y eut sans doute de nombreuses personnes mécontentes comme eux de la croissance du trafic aérien (on espère quand même que peu de poulets se jetaient contre les murs), tous les Causby du monde auraient eu beaucoup de mal à s’unir et à arrêter l’idée, et la technique, que les frères Wright avaient fait naître. Les frères Wright avaient ajouté l’avion au pot commun technologique ; le concept se répandit comme un virus dans un poulailler ; les fermiers comme Causby se trouvèrent brutalement confrontés à "ce qui semblait raisonnable" étant donné la technologie inventée par les Wright. Ils pouvaient à loisir, debout dans leurs fermes, poulets morts à la main, menaçer du poing ces nouvelles technologies. Ils pouvaient alerter leurs élus, ou même aller en justice. Mais en fin de compte, la force de l’évidence — le pouvoir du "bon sens" — allait l’emporter. Il n’était pas possible de permettre que leur intérêt "privé" nuise à un intérêt public évident.

Edwin Howard Armstrong est un des inventeurs géniaux oubliés de l’Amérique. Il entra sur la scène des grands inventeurs américains juste après des géants comme Thomas Edison et Alexandre Graham Bell. Mais son travail dans le domaine de la technique radiophonique fut peut être, de celle de tous les inventeurs individuels, la plus importante des cinquante premières années de la radio. Il avait reçu une meilleure instruction que Michael Faraday, qui avait découvert en 1831 l’induction électrique alors qu’il était apprenti-relieur. Mais, il avait la même intuition au sujet de la manière dont les ondes radio fonctionnaient, et en trois occasions au moins, Armstrong inventa des technologies extrêmement importantes qui firent avancer notre compréhension de la radio.

Au lendemain de Noël 1933, quatre brevets furent accordés à Armstrong pour son invention la plus importante : la radio FM. Jusque là, les radios grand public émettaient en modulation d’amplitude (AM). Les théoriciens de l’époque avaient déclaré que la radio en modulation de fréquence (FM) ne pourrait jamais fonctionner. Ils avaient raison pour la radio FM dans une bande étroite de fréquences. Mais Armstrong découvrit que la radio à modulation de fréquence dans une large bande de spectre délivrait un son d’une fidélité étonnante, avec beaucoup moins de parasites, et nécessitant bien moins de puissance d’émission.

Il fit une démonstration de cette technologie le 5 novembre 1935, au cours d’une réunion de l’Institut des Ingénieurs Radio, à l’Empire State Building de New York. Il tourna le bouton de réglage de la radio, captant au passage une multitude d’émission AM, jusqu’à ce qu’il trouve l’émission qu’il avait préparée, l’émetteur étant situé à vingt-sept kilomètres de là. La radio se fit tout à fait silencieuse, comme si le poste était mort, et alors, avec une clarté que personne dans la pièce n’avait jamais entendue venant d’un appareil électrique, elle reproduisit la voix d’un animateur : "Ici la radio amateur W2AG à Yonkers, New York, émettant en modulation de fréquence à deux mètres cinquante."

L’auditoire entendit alors ce que personne n’avait cru possible :

« On versa un verre d’eau à Yonkers, devant le microphone : le bruit ressemblait à celui de l’eau qui coule... On froissa et déchira une feuille de papier : le bruit fut celui du papier, et non le grésillement d’un feu de forêt... On passa un disque des marches de Sousa, et on joua un solo de piano et un air de guitare... La musique se répandit avec une clarté rarement, voire jamais entendue venant d’une "boite à musique" radiophonique. »

Comme nous le suggère notre bon sens, Armstrong avait découvert une technologie de radio très supérieure. Mais à l’époque de son invention, Armstrong travaillait pour la RCA. La RCA était alors l’acteur dominant du marché alors dominant de la radios AM. Vers 1935, il existait un millier de stations de radio à travers les Etats-Unis, mais les stations des grandes villes appartenaient toutes à une poignée de réseaux.

Le directeur de la RCA, David Sarnoff, un ami d’Armstrong, voulait qu’Armstrong trouve un moyen de supprimer les parasites de la radio AM. Il fut donc fort enthousiasmé quand celui-ci lui annonça qu’il avait un système pour supprimer les parasites de la "radio". Mais quand Armstrong lui montra son invention, Sarnoff ne fut pas content.

« Je pensais qu’Armstrong allait inventer une sorte de filtre pour enlever les parasites de notre radio AM. Je ne pensais pas qu’il allait lancer une révolution : démarrer une fichue nouvelle industrie qui allait entrer en compétition avec la RCA. »

L’invention d’Armstrong menaçait l’empire AM de RCA, du coup la firme entreprit d’étouffer la radio FM. La FM était peut-être une technologie supérieure, mais Sarnoff était un tacticien supérieur. Comme le décrit un auteur,

« Les raisons en faveur de la FM, essentiellement d’ordre technique, ne faisaient pas le poids face aux efforts des marchands, bureaux de brevets et cabinets d’avocats, pour éloigner cette menace contre l’industrie dominante. Car la FM, si on la laissait se développer librement, menaçait d’entraîner... une réorganisation complète des rapports de force au sein de la radio... et à long terme l’abandon du système soigneusement contrôlé de radio AM, grâce auquel la RCA avait bâti son empire. »

Au début, la RCA confina la technologie au sein de l’entreprise, en insistant sur le fait qu’il était nécessaire de faire des expériences supplémentaires. Quand, après deux ans de tests, Armstrong s’impatienta, la RCA commença à utiliser son pouvoir auprès du gouvernement pour bloquer le déploiement de la radio FM dans son ensemble. En 1936, la RCA engagea l’ancien directeur de la FCC, avec pour mission de faire en sorte que la FCC attribuerait les fréquences de manière à castrer la FM, essentiellement en déplaçant la radio FM vers une différente bande du spectre. Au début, ces efforts échouèrent. Mais quand l’attention d’Armstrong et de la nation furent détournée par la seconde guerre mondiale, le travail de la RCA commmença à porter des fruits. Peu après la fin de la guerre, la FCC annonça un ensemble de mesures clairement destinées à paralyser la radio FM. Comme Lawrence Lessing le décrivit :

« La série de coups qu’a reçu la radio FM juste après la guerre, sous forme de réglements dictés, à travers la FCC, par les intérêts des grandes maisons de radio, étaient d’une force et d’un caractère retors incroyables. »

Afin de faire de libérer des fréquences pour le dernier pari de la RCA, la télévision, les utilisateurs de la radio FM allaient être déplacés vers une bande de fréquences totalement nouvelle. Il fallut aussi diminuer la puissance des émetteurs radio FM, ce qui signifiait qu’on ne pouvait plus utiliser la FM pour radiodiffuser d’un bout à l’autre du pays. (Ce changement fut très fortement soutenu par AT&T, parce que la perte d’émetteurs relais FM impliquait que les stations radios auraient à acheter des liaisons filaires à AT&T.) La progression de la radio FM fut ainsi étouffée, du moins provisoirement.

Armstrong résista aux efforts de la RCA. En réponse, la RCA résista aux brevets d’Armstrong. Après avoir incorporé la technologie FM dans les standards émergents de la télévision, la RCA déclara les brevets invalides, sans raison, et presque quinze ans après leur dépôt. L’entreprise refusa donc de lui payer des royalties. Pendant six ans, Armstrong livra une coûteuse guerre légale pour défendre ses brevets. Finalement, juste au moment où les brevets expiraient, la RCA proposa de transiger pour une somme si faible qu’elle ne couvrait même pas les frais d’avocats d’Armstrong. Défait, brisé, et désormais ruiné, Armstrong écrivit en 1954 un court billet à sa femme, et se donna la mort en se jetant par la fenêtre du treizième étage.

C’est ainsi que la loi fonctionne parfois. Pas souvent de manière aussi tragique, et rarement accompagnée d’histoires héroiques, mais parfois, c’est ainsi qu’elle fonctionne. Depuis toujours, le gouvernement et ses agences ont fait l’objet de détournements. Ceci a plus de chance de se produire si des intérêts puissants se trouvent menacés par des changements légaux ou techniques. Ces intérêts puissants, trop souvent, exercent leur influence au sein du gouvernement pour obtenir sa protection. Bien sûr, la rhétorique excusant cette protection est toujours inspirée par la défense de l’intérêt public ; la réalité est quelque peu différente. Des idées qui un jour semblent solides comme le roc, mais qui laissées à elles-mêmes se seraient effritées le lendemain, se maintiennent grâce à cette corruption subtile de notre processus politique. la RCA avait ce que les Causby n’avaient pas : le pouvoir de confisquer les effets du progrès technique.

Internet n’a pas été inventé par une seule personne. On ne peut pas non plus lui attribuer une date de naissance précise. Cependant, en très peu de temps, Internet est entré dans les moeurs américaines. D’après le "Pew Internet and American Life Project", 58 pour cent des Américains avaient accès à Internet en 2002, contre 49 pour cent deux ans auparavant. Ce nombre pourrait bien dépasser les deux tiers de la nation avant la fin 2004.

Au fur et à mesure qu’Internet s’est intégré à la vie ordinaire, il a changé certaines choses. Certains de ces changements sont d’ordre technique : Internet a rendu les communications plus rapides, rassembler des données est devenu moins coûteux, et ainsi de suite. Ces changements techniques ne sont pas le sujet de ce livre. Certes, ils sont importants. Certes, ils ne sont pas bien compris. Mais ils font partie des choses qui disparaîtraient si nous arrêtions tout à coup d’utiliser Internet. Ils ne touchent pas les gens qui n’utilisent pas Internet, ou du moins, ils ne les touchent pas directement. Ils pourraient faire le sujet d’un livre sur Internet. Mais ceci n’est pas un livre sur Internet.

Le sujet de ce livre est plutôt un effet d’Internet, mais qui va au-delà d’Internet : un effet sur la façon dont la culture est élaborée. Ma thèse est qu’Internet a introduit dans ce processus un changement important, et dont nous n’avons pas encore pris conscience. Ce changement va transformer radicalement une tradition qui est aussi ancienne que notre République. La plupart des gens, s’ils avaient conscience de ce changement, le refuseraient. Cependant, la plupart ne voient même pas ce qu’Internet a changé.

On peut avoir un aperçu de ce changement en distinguant culture commerciale et culture non commerciale, et en comparant les aspects légaux de chacune. Par "culture commerciale", j’entends cette partie de la culture qui est produite et vendue, ou qui est produite pour être vendue. Par "culture non commerciale", j’entends tout le reste. Quand un vieil homme s’asseyait autrefois dans un parc ou à un coin de rue pour raconter des histoires que les enfants (ou les adultes) consommaient, c’était de la culture non commerciale. Quand Noah Webster faisait publier son "Reader", ou Joel Barlow sa poésie, c’était de la culture commerciale.

Au début de notre histoire, et pour l’essentiel de notre tradition, la culture non commerciale a été non réglementée. Bien sûr, si vos histoires étaient obscènes, ou si votre chanson troublait l’ordre public, il était possible que la loi intervienne. Mais la loi laissait cette culture libre, et n’intervenait jamais directement dans sa création ou sa diffusion. Les moyens habituels par lesquels les citoyens ordinaires partageaient et transformaient leur culture (raconter des histoires, rejouer des scènes de théatre ou de télévision, participer à des club d’amateurs, partager de la musique, enregistrer des cassettes) n’étaient pas réglementés.

La loi régulait seulement la création commerciale. Au début légèrement, puis d’une facon assez exhaustive, la loi a protégé les intérêts des créateurs, en leur accordant des droits exclusifs sur leurs créations, de façon à ce qu’ils puissent vendre ces droits sur un marché commercial. Bien sûr, ceci représente aussi une partie importante de la création culturelle, et cette partie est devenue de plus en plus importante en Amérique. Mais en aucun cas elle n’a été un élément dominant de notre tradition. C’était au contraire seulement une partie de notre culture, sous contrôle, et équilibrée par la partie libre.

Aujourd’hui, cette démarcation nette entre le libre et le "contrôlé" a disparu. Internet a préparé le terrain à cette disparition, et avec l’appui des médias, la loi y a contribué. Pour la première fois dans notre tradition, les moyens habituels par lesquels les individus créent et partagent leur culture tombent sous le coup de la loi, qui a étendu son emprise à des pans entiers de la culture jusqu’ici libres de tout contrôle. La technologie, qui jusqu’ici avait préservé l’équilibre historique entre la culture libre et la culture nécessitant une "permission", a été défaite. La conséquence est que notre culture est de moins en moins libre, et de plus en plus une culture de permissions.

On nous justifie ce changement comme nécessaire à la protection de la création commerciale. Et en effet, sa motivation est précisément le protectionnisme. Mais le protectionnisme qui justifie le changement que je décris plus loin n’est pas d’un genre limité et équilibré, comme celui qui caractérisait la loi dans le passé. Il ne s’agit pas d’un protectionnisme qui protège les artistes. C’est plutôt un protectionnisme qui permet de protéger certains secteurs d’activité. Certaines corporations, menacées par le potentiel qu’a Internet de changer la manière dont la culture, commerciale ou non, est produite et partagée, se sont unies pour inciter le législateur à les protéger. C’est l’histoire de la RCA et Armstrong ; c’est le rêve des Causby.

Car pour beaucoup de gens, Internet a libéré une possibilité extraordinaire, de participer à la création et à l’élaboration d’une certaine culture, qui rayonne bien au delà des frontières locales. Cette possibilité a changé les conditions de création et d’élaboration de la culture en général, et ce changement menace les industries établies du contenu. Ainsi, Internet est aux fabriquants et distributeurs de contenu du vingtième siècle ce que la radio FM fut à la radio AM, ou ce que le camion fut au chemin de fer du dix-neuvième siècle : le début de la fin, ou du moins une transformation substantielle. Les technologies numériques, liées à Internet, pourraient générer un marché de la culture plus concurrentiel et plus dynamique ; ce marché pourrait accueillir des créateurs plus variés et plus nombreux. Ces créateurs pourraient proposer et distribuer des créations plus variées et plus nombreuses ; et, en fonction de quelques facteurs importants, ces créateurs pourraient, en moyenne, mieux gagner leur vie dans ce systeme qu’ils ne le font aujourd’hui — du moins si les RCA de notre temps n’utilisent pas la loi pour se protéger de cette compétition.

Cependant, comme je le montre dans les pages qui suivent, c’est exactement ce qui est en train de se produire dans notre culture aujourd’hui. Ces équivalents actuels des radios du début du vingtième siècle ou des chemins de fer du dix-neuvième usent de leur influence pour que la loi les protège contre ces moyens nouveaux, plus efficaces, et plus dynamiques, de fabriquer la culture. Il sont en train de réussir à transformer Internet avant qu’Internet ne les transforme.

Beaucoup de gens ne voient pas les choses de cette manière. Les batailles au sujet du copyright et d’Internet leur semblent éloignées. Pour le peu qui y prêtent attention, elles semblent surtout se résumer à quelques questions simples, à savoir : le "piratage" va-t’il être autorisé, et la "propriété" va-t’elle être protégée. La "guerre" qui a été engagée contre les technologies de l’Internet, et que Jack Valenti, le président de la Motion Picture Association of America (MPAA) appelle sa "guerre anti-terroriste personnelle" a été présentée comme une bataille pour faire régner la loi et pour faire respecter la propriété. Pour savoir de quel côté se ranger dans cette guerre, il suffirait simplement de décider si nous sommes pour ou contre la propriété.

Si c’était vraiment là l’alternative, alors je serais du côté de Jack Valenti et de l’industrie du contenu. Moi aussi, je crois en la propriété, et particulièrement en l’importance de ce que M. Valenti appelle poétiquement la "propriété créatrice". Je crois que le "piratage" est mauvais, et que la loi, intelligemment écrite, devrait punir le "piratage", que ce soit sur Internet ou ailleurs.

Mais ces idées simples cachent une question bien plus fondamentale et un changement bien plus important. Ma crainte est que, à moins que nous n’arrivions à comprendre ce changement, la guerre pour débarrasser le monde des "pirates" d’Internet ne débarrasse aussi notre culture de certaines valeurs qui ont fondé notre société depuis ses débuts.

Ces valeurs ont fondé une tradition qui, pendant les 180 premières années de notre République au moins, a garanti aux créateurs le droit de s’inspirer librement du passé, et a protégé créateurs et innovateurs du contrôle de l’Etat ou d’un contrôle privé. Le Premier Amendement (NdT : de la Constitution) protège les créateurs du contrôle de l’Etat. Et comme le démontre avec force le professeur Neil Netanel, la loi sur le copyright, bien equilibrée, protège les créateurs du contrôle privé. Notre tradition n’est donc ni soviétique, ni une tradition de patrons. Au contraire, elle a délimité un large espace au sein duquel les créateurs ont pu élaborer et étendre notre culture.

Cependant la loi, en cherchant à réguler les changements technologiques liés à Internet, a répondu par une augmentation massive de la réglementation sur la création en Amérique. Pour nous inspirer d’oeuvres existantes, ou bien pour les critiquer, nous devons d’abord demander la permission, à la manière d’Oliver Twist. Bien sûr, la permission est souvent accordée. Mais elle n’est pas souvent accordée à un indépendant, ou à qui veut critiquer. Nous avons créé une sorte de noblesse culturelle. Ceux qui sont dans la classe noble ont la vie facile, ceux qui n’y sont pas ne l’ont pas. Mais c’est la noblesse, sous toute ses formes, qui est étrangère à notre tradition.

L’histoire qui suit a pour sujet cette guerre. Mon sujet n’est pas la "place centrale de la technologie" dans notre vie quotidienne. Je ne crois pas aux dieux, numériques ou autres. Il ne s’agit pas non plus d’une tentative de diaboliser un individu ou un groupe, car je ne crois pas non plus au diable, qu’il soit capitaliste ou autre. Il ne s’agit ni d’un conte moral, ni d’un appel au jihad contre une industrie.

Il s’agit plutôt d’un effort pour comprendre une guerre, désespéremment destructice, inspirée par les technologies d’Internet, mais qui s’etend bien au delà du code informatique. Et en nous faisant comprendre cette guerre, c’est un effort pour trouver la paix. La dispute en cours autour des technologies d’Internet n’a aucune bonne raison de continuer. Notre tradition et notre culture souffriront beaucoup si cette guerre se prolonge de facon injustifiée. Nous devons comprendre les racines du conflit. Nous devons le résoudre vite.

Comme la bataille des Causby, l’objet du conflit, est, en partie, la "propriété". La propriété dans cette guerre n’est pas aussi palpable que celle des Causby, et aucun poulet innocent n’y a perdu la vie. Pourtant, pour une majorité de gens, les idées qui accompagnent cette notion de "propriété" sont aussi évidentes que l’inviolabilité de leur ferme ne l’était aux yeux des Causby. Nous sommes comme les Causby. Ainsi, la plupart d’entre nous tiennent pour acquis les extraordinaires revendications faites de nos jours par les détenteurs de "propriété intellectuelle". La plupart d’entre nous, comme les Causby, considèrons que ces revendications sont évidentes. Et par conséquent, comme les Causby, nous protestons quand une nouvelle technologie interfère avec cette propriété. Tous comme pour eux, il nous semble clair que ces nouvelles technologies d’Internet violent une revendication légitime de "propriété". Tout comme pour eux, il nous semble clair que la loi doit intervenir pour faire cesser cette violation.

Et par conséquent, quand des passionnés d’informatique ou de technologie veulent défendre ce qu’ils appellent des technologies à la Armstrong ou à la Wright Brothers, nous restons indifférents. Le sens commun ne se révolte pas. Contrairement au cas des malheureux Causby, le sens commun est du côté des propriétaires dans cette guerre. Contrairement aux heureux frères Wright, Internet n’a pas inspiré de révolution en sa faveur.

Mon souhait est de faire évoluer ce sens commun. Je m’étonne de plus en plus du pouvoir de cette idée de propriété intellectuelle, et surtout de sa capacité à handicaper le sens critique des hommes politiques et des citoyens. Jamais dans notre histoire la partie "possédée" de notre "culture" n’a été aussi importante qu’aujourd’hui. Et pourtant, la concentration du pouvoir qui contrôle les usages de cette culture n’a jamais été aussi largement acceptée.

Le mystère, c’est : Pourquoi ?

Aurions-nous enfin compris une vérité concernant la valeur et l’importance d’une propriété absolue sur les idées et la culture ? Aurion-nous découvert que notre tradition a eu tort de rejeter une revendication aussi absolue ?

Ou bien est-ce parce que l’idée d’une propriété absolue des idées et de la culture bénéficie au RCAs de notre époque, et ne nous choque pas à première vue ?

Cette dérive brutale par rapport à notre tradition de libre culture est-elle le fait d’une Amérique corrigeant une erreur de son passé,comme elle l’a fait après une guerre sanglante contre l’esclavage, et comme elle le fait lentement avec lesinégalités ?Oubienn’est-ellequ’unemanifestation de plus d’un système politique détourné par une poignée d’intérêts particuliers puissants ?

Si le sens commun conduit à l’extrémisme sur ces questions, est-ce vraiment parce qu’il croit à cet extrémisme ? Ou alors, est-ce que le sens commun cède devant l’extrémisme, parce que, comme dans le cas d’Armstrong contre la RCA, le côté le plus puissant s’est arrangé pour imposer ses vues ?

Je ne cherche pas à être mystérieux. Mon opinion personnelle est faite. Je crois qu’il était juste que le sens commun se révolte contre l’extrémisme des Causby. Je crois qu’il serait juste que le sens commun se révolte contre les revendications extrêmes faites aujourd’hui au nom de la "propriété intellectuelle". Ce que la loi exige aujourd’hui est de plus en plus stupide, un peu comme un shérif qui arrêterait un avion pour violation de propriété. Cependant les conséquences de cette stupidité sont bien plus profondes.

La bataille qui fait rage actuellement est centrée autour de deux idées : le "piratage" et la "propriété." Mon but dans les deux prochaines parties de ce livre est d’explorer ces deux idées.

Ma méthode n’est pas la méthode habituelle d’un universitaire. Je ne souhaite pas vous plonger dans des arguties complexes, mâtinées de références à d’obscurs théoriciens français, aussi naturel que ce soit pour les bizarres individus que nous sommes devenus, nous autres universitaires. Au contraire, je commence chaque partie par quelques histoires, afin d’établir un contexte dans lequel ces idées apparemment simples peuvent mieux être comprises.

Les deux sections présentent l’idée centrale de ce livre : alors qu’Internet a engendré quelque chose de nouveau et de fantastique, notre gouvernement, poussé par les médias à répondre à cette "chose nouvelle", est en train de détruire quelque chose de très ancien. Plutôt que comprendre les changements que permet Internet, et au lieu de laisser au "sens commun" le temps de trouver la meilleure réponse possible, nous laissons ceux qui sont le plus menacés par ces changements user de leur influence pour changer la loi. Et bien plus grave, pour changer quelque chose de fondamental concernant notre identité.

Nous les laissons faire, je pense, non pas parce qu’ils ont raison, ou parce qu’une majorité d’entre nous croit réellement en ces changements. Nous les laissons faire parce que les intérêts les plus menacés comptent parmi les plus puissants acteurs dans notre système législatif désespérément corrompu. Ce livre est l’histoire d’une conséquence de plus de cette corruption ; une conséquence dont pour la plupart nous n’avons pas conscience.

LAWRENCE LESSIG

Commentaires

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Free Culture : Traduction française du livre de Lawrence Lessig en cours... , le 14 février 2009 par Fabrice Epelboin (0 rép.)

Bonjour,

un gros travail d’édition a été fait à partir de la traduction du wiki pour donner un ebook. Vous pouvez le télécharger à http://fr.readwriteweb.com/2009/02/05/a-la-une/culture-libre-free-culture-lawrence-lessig-ebook/

-----> http://fr.readwriteweb.com/2009/02/...

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Free Culture : Traduction française du livre de Lawrence Lessig en cours... , le 5 octobre 2007 (0 rép.)

Nouvelle adresse du livre en cours de traduction :

-----> Culture libre sur wikilivres.info

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> Free Culture : Traduction française du livre de Lawrence Lessig en cours... , le 18 août 2005 (0 rép.)

Et voici les Etats Unis "Anti-communistes" primaires contraints de protéger le capital par des moyens marxistes. Ce qui amorce la chute des idées capitalistes de libre entreprise et de liberté. A lire ou relire "Le capital" de Carl Marx ....

-----> C. Marx "Le capital"

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> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 24 septembre 2004 par mougly (9 rép.)

Je ne peut pas passer le 3ème paragraphe...

Une culture sans propriété, ou dans laquelle les créateurs ne pourraient pas être payés, serait l’anarchie, et non pas la liberté.

Et pourtant, même sur Wikipédia, ils ne font pas l’erreur....

Les anarchistes défendent la liberté la plus totale (tiens donc ? mais ils se nomment aussi libertaire... !). Alors dire que l’anarchie est le contraire de la liberté est un signe flagrant d’ignorance (je pense). Ou de provocation (attention, il parait que les anarchistes sont des terroristes !).
On confond assez anarchie avec désordre (rappel : le bon mot est chaos), je vous invite donc à lire (au moins) la page Wikipédia (non, ce n’est pas moi qui l’ait faite ; oui, vous aussi M. Lessig).
Rappelons aussi que l’anarchisme, contrairement au communisme, défend la propriété privée. On est donc ici dans un non-sens total.
Et ce n’est pas une erreur de traduction, le même mot est utilisé dans l’original.

Voilà.
C’est juste parce que j’en ai marre de voir utiliser du vocabulaire n’importe comment, et en particulier celui ci.

Cordialement

> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 25 septembre 2004 par JF Cauche

Merci ! Le terme anarchie est trop souvent utilisé comme sinonyme de "bordel", ce qui n’a en fait rien à voir, l’anarchie étant beaucoup plus le paroxysme de l’entraide. Rappelons la phrase de Kropotkine qui dans sa "morale anarchiste" [excellent petit ouvrage que je conseille à tous ceux qui désireraient en savoir plus sur l’anarchie] : "Traites les autres comme tu aurais aimé être traité dans les mêmes circonstances." C’est aussi simple que cela et résume parfaitement le concept d’anarchie. Cordialement.

> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 26 septembre 2004

Le mot est le bon selon la définition du dictionnaire Larousse ou des autres dictionnaires que j’ai consultés.

> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 27 septembre 2004

"Traites les autres comme tu aurais aimé être traité dans les mêmes circonstances."

Je pense que cette phrase est simplement reprise de la bible.


Je ne vois pas comment le système peut fonctionner si il n’y a rien pour obliger les gens à respecter les règles. Comment on arrête les criminels ?

La liberté total n’est que théorique et ne peut pas exister, donc dans les faits ce n’est pas ce qui arrive (ce serait plutôt le contraire, la liberté maximale est atteinte quand il y a équilibre et les deux extrêmes nous retirent cette liberté).

> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 27 septembre 2004 par mougly

Le mot est le bon selon la définition du dictionnaire Larousse ou des autres dictionnaires que j’ai consultés.

Mais avez vous remarquez qu’il est précisé que cette définition est généralement admise a fortiori, et que le sens éthymologique est souvent indiqué ?

Je ne vois pas comment le système peut fonctionner si il n’y a rien pour obliger les gens à respecter les règles. Comment on arrête les criminels ?

Mon but n’est pas de débattre sur la viabilité d’un système anarchiste, ce n’est pas l’endroit approprié. Je répondrai seulement que ceci se fonde sur la bonté naturelle de l’Homme.

Vous avez un chef qui dirige dans votre bande de copains ?
Comment faites vous pour passer deux heures ensembles sans vous entre-tuer ?

La liberté total n’est que théorique et ne peut pas exister, donc dans les faits ce n’est pas ce qui arrive

Quel bagage argumentaire ...
"C’est pas juste, alors c’est faux !"
Un peu creux, je trouve.

Cordialement,

> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 27 septembre 2004

Vous avez un chef qui dirige dans votre bande de copains ? Comment faites vous pour passer deux heures ensembles sans vous entre-tuer ?

Parce qu’il n’y a pas de bandit dans notre groupe, mais à plus grande échelle c’est impossible.

"C’est pas juste, alors c’est faux !"

Je ne vois pas de problème dans le raisonnement même si il est très simple et tu ne peux pas nier que la liberté totale est impossible. De plus vos raisonnements n’étaient pas plus profonds que celui-ci.

Ce n’est pas dans mes habitudes de m’obstiner, mais je n’aime pas que l’on essai de défendre l’anarchie. (Même si je sais que vous en avez le droit.)

> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 27 octobre 2004 par sergio

l homme est un loup pour l homme ...

> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 26 novembre 2004 par Eidolon

La liberté Totale par définition n’existe pas à partir du moment où l’on parle de vie en société car elle est par définition impossible.

La liberté totale a forcément pour conséquence de restreindre la liberté de l’autre qui n’est donc plus totale, donc la liberté totale n’existe pas cqfd ;-)

Quant à l’ouvrage de lawrence lessig il pêche à mon sens au moment de définir précisément une alternative viable....

> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 15 mars 2005 par Olivier

Bon juste une précision, j’ai pas encore lu la page wikipédia sur l’anarchie, mais l’anarchie ne veux pas dire absence de toute règle... cf comment on fait pour arréter les criminels si y a pas de règle... L’anarchie peut être vue comme un pari sur l’intelligence humaine, ce qui définie intrinsèquement des valeurs communes que chacun est tenue de respecter. Pour plus de formalisme c’est la théorie du contrat anarchique... A vrai dire j’ai jamais été anarchiste, j’aurais même plutôt tensdance à m’en méfier, mais il faut dire que la gènèse du monde libre, le vrai pas l’américain, redonne espoir dans l’être humain, voir toutes ces énergies qui se mobilisent, s’organisent et fonctionnent magnifiquement m’exorte à regarder la théorie anarchiste d’un autre oeil....

> Free Culture : le bon mot...raté ! , le 18 août 2005

Lire Proudon et l’excellent libre de Michel Onfray "Politique du rebel" à ce sujet.

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On a besoin de phares , le 24 septembre 2004 par MathieuVidal (0 rép.)

Au même titre que Stallman, Torvalds ou Raymond, Lessig est certainement l’un des visonnaires de la communauté.

C’est parce que l’analyse était bonne et collait parfaitement à l’air du temps numérique que les licences Creative Commons marchent aussi bien.

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